La justice de Bordeaux a décidé ce jeudi de rouvrir une enquête pour « violences volontaires sur conjoint » concernant la mort de Krisztina Rady, ex-épouse du chanteur bordelais Bertrand Cantat, retrouvée pendue à son domicile le 10 janvier 2010 dans la capitale girondine.
Cette décision prise par le procureur de Bordeaux, Renaud Gaudeul, intervient à la suite de la diffusion d’un documentaire intitulé « Le cas Cantat », disponible depuis le 27 mars dernier sur Netflix. Selon le magistrat, ce reportage contiendrait plusieurs témoignages et éléments nouveaux absents des précédents dossiers, pourtant étudiés à plusieurs reprises depuis le décès de Krisztina Rady. « Le visionnage de ce documentaire m’a conduit à reprendre l’ensemble des procédures déjà ouvertes à Bordeaux depuis 2010. J’ai ainsi retrouvé trois autres enquêtes ouvertes successivement en 2013, 2014 et 2018, toutes classées sans suite », explique le procureur.
Cette réouverture constitue une avancée notable pour Yael Mellul, avocate bordelaise spécialisée dans les violences conjugales et présidente de l’association féministe « Femmes et Libres ». Depuis plus de dix ans, elle mène un combat déterminé pour dénoncer ce qu’elle considère comme un « suicide forcé ». Dès 2013, Me Mellul avait alerté le parquet de Bordeaux sur le fait que les investigations initiales avaient été menées avec une précipitation inquiétante. Sa plainte de 2014 avait été classée sans suite, tout comme celle déposée à nouveau en 2018.
Une serie Netflix qui relance le débat autour la mort de la mère de ses enfants
Aujourd’hui, Yael Mellul se dit « très soulagée par le revirement du parquet bordelais », estimant que l’apparition d’un témoignage anonyme d’un infirmier dans le documentaire Netflix constitue un tournant majeur dans cette affaire. Selon elle, ce témoignage confirme les violences conjugales qu’aurait subies Krisztina Rady avant son suicide. Elle précise même détenir de nouveaux témoignages susceptibles d’être transmis prochainement au procureur de Bordeaux.
Pour Bertrand Cantat, personnalité majeure du rock bordelais, cette réouverture replonge la ville dans une affaire sensible. Condamné en 2004 pour le meurtre de Marie Trintignant, le chanteur avait retrouvé la liberté conditionnelle en 2007, regagnant Bordeaux où il avait rétabli des liens avec Krisztina Rady et leurs deux enfants. Malgré les multiples rebondissements judiciaires, le chanteur a tenté à plusieurs reprises de renouer avec sa carrière artistique, souvent sous les protestations d’associations féministes.
Contacté à propos de cette nouvelle enquête ouverte à Bordeaux, Antonin Lévy, l’avocat de Bertrand Cantat, a déclaré ignorer la décision du parquet girondin selon nos confrères de Ici Bordeaux.
À Bordeaux, ville où Cantat demeure une figure emblématique et controversée, cette nouvelle enquête devrait raviver les débats sur la gestion judiciaire des affaires de violences conjugales et susciter une attention accrue envers cette affaire très médiatisée. Le procureur Gaudeul assure pour sa part que cette fois-ci, toutes les pistes seront explorées avec minutie et rigueur, afin de faire enfin la lumière sur les circonstances exactes entourant la disparition tragique de Krisztina Rady. Acte.
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