Depuis la fin juin et les premières vagues de chaleur, les pelouses de nombreux stades de l’agglomération bordelaise souffrent d’un envahisseur inattendu : un champignon de type pythium. Ce micro-organisme, favorisé par la combinaison de températures élevées et d’arrosages répétés, fragilise sérieusement les gazons sportifs. Résultat : des taches jaunâtres apparaissent sur les terrains, inquiétant jardiniers et responsables techniques.
Plusieurs sites touchés dans l’agglomération
Le phénomène n’épargne aucun site majeur. Le stade Atlantique (ancien Matmut Atlantique), désormais géré par Bordeaux Métropole, est concerné. Le stade Chaban-Delmas, les pelouses du centre d’entraînement du Haillan, ainsi que plusieurs terrains municipaux comme Alfred-Daney, Stéhélin ou encore le stade du Jard à Mérignac sont également touchés. Sur certains d’entre eux, comme Alfred-Daney, les taches recouvrent presque toute la surface de jeu.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces dégradations ne sont pas directement liées à la sécheresse. Le pythium attaque les jeunes pousses d’herbe, réduisant rapidement la densité du gazon. Sans traitement ni surveillance, il peut détruire entièrement une pelouse en seulement quarante-huit heures, une véritable hantise pour les équipes de jardiniers.
Une menace récurrente chaque été
« Nous composons tous les ans, à la même période, avec l’apparition de maladies sur pratiquement tous nos terrains », explique Mathieu Hazouard, adjoint au maire de Bordeaux en charge des sports à nos confrères de Sud Ouest. La chaleur, l’humidité au sol et un arrosage abondant constituent un cocktail parfait pour le développement du champignon. Ce scénario s’était déjà produit en 2016, au stade Atlantique, poussant les responsables à envisager un remplacement complet du gazon.
En réalité, le pythium n’est pas à proprement parler un champignon, mais un oomycète, un micro-organisme aquatique proche des algues. Il prospère dans des conditions de chaleur intense, en particulier au-delà de 33 °C. « Nous essayons de limiter son expansion en réduisant l’arrosage et en utilisant des semis plus résistants. Mais il n’existe pas de solution miracle », explique Florent Coulon, directeur général d’iTurf Management, société qui gère notamment les pelouses du stade Atlantique et du Stade de France.
Des contraintes accrues pour les jardiniers
Jean-Guillaume D’orglandes, responsable des terrains à Mérignac, rappelle que la problématique ne dépend pas uniquement de la météo : « C’est le résultat d’un déséquilibre entre fertilisation, arrosage, chaleur et humidité. Cette année, les conditions ont été particulièrement difficiles. Entre les normes phytosanitaires, les restrictions d’eau et l’utilisation intensive des terrains, maintenir un gazon parfait devient de plus en plus compliqué. »

Il souligne qu’il est aujourd’hui presque impossible de retrouver les pelouses impeccables d’il y a trente ans, la gestion devant désormais intégrer des contraintes environnementales et réglementaires strictes.
Un impact limité sur la compétition
Du côté sportif, les responsables se veulent néanmoins rassurants. Sur la pelouse du stade Atlantique, les zones touchées par le pythium restent limitées et concentrées au centre du terrain. « Il n’y aura pas de conséquences sur la tenue du match de samedi entre les Girondins et Avranches. C’est surtout un problème d’esthétique », précise Florent Coulon.
Lorsque les températures redescendront, les pelouses devraient progressivement retrouver leur verdure. Mais cette nouvelle alerte confirme que la gestion des terrains de sport à Bordeaux, comme ailleurs en France, devra s’adapter durablement au réchauffement climatique et à ses effets.
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