Tu l’as sûrement entendu : Bordeaux aurait détrôné Paris en devenant « la ville la plus embouteillée de France ». Un titre peu flatteur, qui circule depuis le classement TomTom 2024. Mais la réalité est plus nuancée. Huit mois après ce palmarès très médiatisé, la mairie rappelle qu’il faut distinguer les chiffres selon le périmètre observé.
Si l’on regarde les données officielles, Bordeaux n’est pas première, mais sixième ville la plus congestionnée. Avec un temps moyen de 14 minutes et 36 secondes pour parcourir 10 kilomètres et un taux de congestion de 28 %, elle se place derrière Avignon, Paris, Marseille, Nice et Toulon. À titre de comparaison, Paris affiche 29 % et Avignon grimpe à 32 %. En 2019, Bordeaux était encore à 32 %. Autrement dit, la tendance n’est pas à l’aggravation, mais plutôt à une légère amélioration.
Alors, d’où vient ce fameux titre de « numéro un » ? Tout dépend de la zone étudiée. TomTom distingue en effet « l’aire métropolitaine » et « le centre-ville ». Or, ce que le GPS appelle « Bordeaux centre » englobe aussi une partie de Pessac, Talence ou Le Bouscat. Dans cette zone restreinte, les vitesses sont structurellement basses, car il n’y a pas de voies rapides ou de rocade urbaine. Résultat : le temps moyen grimpe à plus de 31 minutes pour 10 kilomètres, ce qui a nourri la réputation de capitale des bouchons.
À l’échelle de la Métropole, le constat est différent. Les baromètres trimestriels des mobilités montrent une baisse progressive de l’usage de la voiture, surtout à l’intérieur des boulevards. En 2019, 59 % des trajets s’effectuaient en auto ; la projection pour 2030 est de 33 %. Dans le même temps, le vélo bondirait de 4 à 18 %. Les temps de parcours, eux, restent stables, proches des niveaux de 2015.
Évidemment, des points noirs persistent : rocade nord-ouest, boulevards aux heures de pointe, accès à l’A63 et à l’A10. Mais globalement, la congestion n’explose pas, malgré une Métropole qui accueille chaque année environ 10 000 nouveaux habitants.
Alors, Bordeaux capitale des bouchons ? Pas vraiment. La vérité, c’est qu’en fonction du périmètre, la ville peut apparaître première… ou sixième. Une chose est sûre : la bataille des mobilités ne fait que commencer.
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