Ils traversent les routes à la tombée de la nuit, fouillent les pelouses, dévastent les jardins et s’aventurent parfois jusque dans les parcs. Aux abords de Bordeaux, les sangliers ne sont plus de simples visiteurs occasionnels : ils s’installent. Et leur présence interroge. Entre inquiétude des habitants, dégâts matériels et débats politiques, un groupe de chercheurs du CNRS a décidé d’enquêter sur ce phénomène en pleine expansion.
Une présence en hausse autour de la métropole
Longtemps cantonnés aux forêts du Sud-Gironde et du Médoc, les sangliers ont progressivement étendu leur territoire. Désormais, ils s’aventurent jusqu’aux zones périurbaines, aux franges de la rocade et même dans certaines communes limitrophes comme Pessac, Mérignac ou Gradignan.
En cause : la disparition de certaines zones agricoles, la reforestation de friches, mais aussi l’abondance de nourriture liée aux activités humaines. Ordures, jardins, composts et cultures ornementales constituent un garde-manger de choix pour ces animaux omnivores et intelligents.
Une cohabitation complexe
Cette expansion n’est pas sans conséquences. Chaque année, les signalements se multiplient : pelouses retournées, clôtures détruites, collisions routières… Pour les riverains, c’est une cohabitation parfois difficile à accepter. Certains y voient une menace pour la sécurité, d’autres un simple symptôme du déséquilibre écologique créé par l’homme.

Les élus, eux, cherchent des solutions. Entre battues administratives, clôtures préventives et campagnes de sensibilisation, la question reste sensible. Faut-il réguler la population de sangliers, ou apprendre à vivre avec eux ?
Le CNRS mène l’enquête
Face à la complexité du phénomène, des chercheurs du CNRS ont lancé une étude inédite pour comprendre les déplacements de ces animaux et leurs interactions avec l’espace urbain.
Grâce à des colliers GPS et des relevés de terrain, ils suivent les trajets des sangliers à travers les bois, les champs et les zones résidentielles. Objectif : déterminer les corridors écologiques qu’ils empruntent, les facteurs d’attraction (eau, nourriture, abris) et les périodes d’activité les plus sensibles.
Mais l’enquête ne s’arrête pas là. Les scientifiques s’intéressent aussi à la perception des habitants : peur, curiosité, agacement… Comprendre les représentations sociales du sanglier est essentiel pour construire une cohabitation durable et apaisée.
Vers une nouvelle approche du vivant en ville ?

Au-delà du cas bordelais, cette étude soulève une question plus large : quelle place accorder à la faune sauvage dans nos territoires urbains ?
Les sangliers ne sont peut-être qu’un symbole parmi d’autres de la recomposition des frontières entre ville et nature. Renards, hérissons, rapaces… Tous profitent, à leur manière, des espaces laissés vacants par les activités humaines.
Entre écologie, géographie et urbanisme, cette enquête du CNRS met en lumière un enjeu de société : celui d’une ville plus perméable à la nature, mais aussi plus consciente des défis que cela implique. Une chose est sûre : les sangliers, eux, n’attendront pas le prochain plan d’urbanisme pour tracer leur chemin.
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