Saviez-vous que sous vos pas, Bordeaux cache un autre visage, bien loin des façades lumineuses de la place de la Bourse ou des terrasses animées des quais ? Sous la ville s’étend un véritable réseau souterrain, fait de carrières, de cryptes et de galeries creusées dans la pierre depuis des siècles.
Un monde invisible à la surface, mais essentiel à l’histoire de la capitale girondine. Sans ces entrailles de calcaire, Bordeaux n’aurait jamais eu son éclat doré ni cette élégance architecturale qui fait aujourd’hui sa renommée.
Les entrailles de la ville, berceau de son patrimoine

L’histoire de ces souterrains remonte à l’Antiquité. Déjà à l’époque romaine, la région exploitait ses gisements de calcaire. Mais c’est surtout entre le Moyen Âge et le XVIIIᵉ siècle que la ville s’est véritablement creusée pour mieux s’élever. Sous Bordeaux et ses alentours, des kilomètres de galeries furent ouverts pour extraire la pierre de Bourg, un calcaire blond, tendre et lumineux. C’est elle qui a donné vie aux façades de la place de la Bourse, du Grand-Théâtre ou encore aux majestueux hôtels particuliers du centre historique.
Chaque bloc extrait des profondeurs a façonné la « Belle endormie » que l’on admire aujourd’hui.
Des carrières devenues caves, cryptes et refuges
Avec le temps, ces carrières ont changé de vocation. Certaines ont été transformées en caves à vin, d’autres en cryptes religieuses ou en refuges discrets durant les guerres. Sous les églises Saint-Seurin et Saint-Michel, on retrouve encore de vastes espaces voûtés chargés d’histoire, où le silence semble suspendre le temps. Ces lieux témoignent d’un Bordeaux souterrain, mystérieux, presque hors du monde.
Aujourd’hui, on estime à près de 1 400 le nombre de carrières souterraines recensées dans le département de la Gironde. Mais la plupart demeurent fermées au public. Fragilisées par le temps, certaines galeries présentent des risques d’effondrement. Le calcaire s’érode, les voûtes se fissurent, et plusieurs quartiers bordelais reposent encore sur ces cavités, surveillées attentivement par les services de la Métropole et les géologues.
Peut-on les visiter ?
Si les véritables souterrains de Bordeaux restent inaccessibles, il existe quelques lieux où l’on peut en approcher le mystère. L’Office de Tourisme organise ponctuellement une visite des dessous du Miroir d’eau, révélant les structures techniques cachées sous la place emblématique de la Bourse.
Plus loin, les souterrains de Saint-Émilion offrent un parcours exceptionnel au cœur d’un ensemble monolithique, avec une église taillée dans la roche et de fascinantes catacombes.
Les carrières de Langoiran, restaurées par l’Association géologique du Sud-Ouest, se visitent occasionnellement, tandis que les caves de Bourg-sur-Gironde, d’anciennes carrières troglodytiques, accueillent désormais des chais et des expositions.

Un héritage du passé, une ressource pour l’avenir
Ces souterrains ne sont pas qu’un vestige historique : ils intéressent aussi les ingénieurs d’aujourd’hui. Leur structure pourrait aider à gérer les eaux pluviales ou à prévenir les inondations dans une ville confrontée aux défis climatiques. Certains chercheurs imaginent même les transformer en espaces techniques ou de stockage écologique.
Bordeaux, la lumière née de ses ombres
Sous ses pavés et ses places dorées, Bordeaux cache un secret fascinant : un monde silencieux où se mêlent la mémoire des bâtisseurs, la pierre et le temps. Ces galeries ne sont ni mythe ni décor de légende, mais la véritable fondation de la ville.
Et c’est sans doute là le plus beau paradoxe de Bordeaux : une cité ouverte sur la lumière, mais née de ses profondeurs.
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