L’affaire intrigue la Gironde et dépasse désormais les frontières françaises. Le maire de Saint-Ciers-d’Abzac, petite commune de 1 500 habitants située près de Libourne, a disparu sans prévenir, laissant derrière lui une mairie fragilisée financièrement. Après plusieurs semaines de silence, l’élu a finalement donné signe de vie… depuis le Canada, où il a choisi de recommencer à zéro. Une histoire qui soulève de nombreuses questions.
Une disparition soudaine et inexpliquée
Âgé de 42 ans, Lionel Gachard, père de famille et boulanger de profession, avait annoncé avant l’été qu’il manquerait le prochain conseil municipal de septembre pour des raisons professionnelles. Mais à la surprise générale, il a quitté la France en juillet et n’a jamais réintégré son poste. Face à son absence prolongée, le parquet de Libourne a ouvert une enquête pour « disparition inquiétante ». Les gendarmes ont finalement pu le joindre par téléphone jeudi dernier. Selon le procureur de la République, Loïs Raschel, les informations recueillies étaient « rassurantes » et la procédure a été classée.
Un départ organisé vers le Canada
Selon plusieurs sources, l’édile n’a pas disparu par hasard : il aurait préparé son départ depuis plusieurs mois. Des voisins affirment l’avoir vu remplir un conteneur avant l’été. Par ailleurs, en mars dernier, il avait fondé une société spécialisée dans l’édition de logiciels, domiciliée à Paris, preuve de projets professionnels parallèles à sa fonction municipale. Aujourd’hui installé au Canada, il a confirmé à ses proches et à l’équipe municipale qu’il ne comptait pas revenir en Gironde.
Une gestion municipale critiquée par ses concitoyens
Son absence brutale ne fait qu’amplifier les inquiétudes déjà présentes autour de la gestion communale. Depuis un an, Saint-Ciers-d’Abzac était surveillée par les services de l’État en raison de la dégradation de ses finances. La chambre régionale des comptes a été saisie cet été. Impayés, trésorerie fragile et investissements jugés disproportionnés – comme l’achat d’une maison à un prix élevé – ont suscité l’alerte. Selon le maire de Libourne, Philippe Buisson, qui préside la communauté de communes, le maire disparu « ne déléguait rien » et centralisait toutes les décisions. Son comportement atypique aurait accentué les difficultés de gouvernance locale.
Face à ce vide institutionnel, la première adjointe a été officiellement habilitée à assurer l’intérim, épaulée par les services de l’État. Une situation nécessaire pour maintenir la continuité des affaires locales, alors que la commune se trouve dans une phase budgétaire délicate.
Une histoire qui interroge
Le cas du maire de Saint-Ciers-d’Abzac, parti refaire sa vie au Canada sans procédure officielle de démission préalable, reste exceptionnel en France. Il met en lumière la fragilité de certaines petites communes rurales, dépendantes de la personnalité et de la gestion d’un seul élu. Si la disparition n’est plus inquiétante sur le plan personnel, le mystère demeure quant aux véritables raisons de ce départ précipité. Une histoire qui pourrait s’avérer dramatique aux premiers abords mais qui finalement se termine bien pour ce maire déserteur.
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