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Bordeaux : la base sous-marine transformée en centrale solaire

La ville de Bordeaux franchit une nouvelle étape dans sa transition énergétique avec le lancement d’un ambitieux projet : la transformation de l’ancienne base sous-marine de la Seconde Guerre mondiale en vaste centrale solaire. Ce mardi, le premier panneau photovoltaïque a symboliquement été installé sur le toit de cet édifice emblématique situé dans le quartier des Bassins à Flot. D’ici mai 2026, quelque 6 600 panneaux solaires, couvrant 13 000 m² de toiture, devraient entrer en service.

Un projet d’envergure au service de la transition énergétique

Un projet exemplaire : Bordeaux installe 13 000 m² de panneaux solaires sur sa base sous-marine pour un avenir durable. Crédit : Mairie de BORDEAUX

La municipalité bordelaise, sous l’impulsion de son maire écologiste Pierre Hurmic, souhaite « solariser massivement » la ville tout en veillant à la préservation de son patrimoine historique. La base sous-marine, vestige de la Seconde Guerre mondiale, construite par l’armée allemande pour abriter ses sous-marins U-Boot, est aujourd’hui un site classé au titre de « l’architecture contemporaine remarquable ». Ce lieu chargé d’histoire, qui rend hommage aux travailleurs forcés – notamment aux républicains espagnols ayant payé de leur vie la construction de l’édifice – abrite désormais un espace culturel : les Bassins des Lumières.

La centrale solaire installée sur la base sous-marine affichera une puissance de 2,9 MW et générera 3,39 GWh d’électricité verte chaque année. Cette production couvrira les besoins annuels moyens en électricité de 600 habitants, tout en permettant d’éviter le rejet de 806 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 400 allers-retours en avion entre Paris et New York.

Une installation respectueuse du patrimoine

Installer des panneaux solaires sur un bâtiment historique classé n’est pas une mince affaire. Les panneaux, qui reposeront sur le dispositif pare-bombes du toit, devront rester invisibles depuis le sol afin de préserver l’esthétique du lieu. La structure mise en place a été minutieusement étudiée pour ne pas porter atteinte au bâtiment. Ce projet a nécessité de nombreuses concertations avec les architectes des bâtiments de France, comme l’a souligné Pierre Hurmic lors de la cérémonie d’inauguration.

La réalisation du projet a été confiée au groupe EverWatt, via sa filiale BoucL Energie, qui finance la majorité des 5,88 millions d’euros nécessaires. BoucL Energie assurera également l’exploitation de la centrale solaire pendant trente ans.

Un modèle d’autoconsommation collective

La base sous-marine de Bordeaux devient une centrale solaire innovante, avec 6 600 panneaux au service du tissu économique local.

La centrale solaire de la base sous-marine s’inscrit dans une logique d’autoconsommation collective. Selon Jérôme Owczarczak, directeur général de BoucL Energie, l’électricité sera distribuée de façon intelligente et compétitive (environ 120 euros/MWh) aux acteurs locaux : entreprises, associations et institutions situées à proximité. Les premiers clients identifiés sont notamment les Bassins des Lumières eux-mêmes et la Banque Alimentaire, qui a négocié un tarif garanti sur 15 ans pour 60 % de ses besoins en électricité.

Le dispositif tiendra compte des consommations réelles des usagers. Les volumes d’énergie seront répartis en fonction de ce qui est produit par la centrale et des besoins effectifs des consommateurs, avec un suivi précis en lien avec le gestionnaire du réseau.

Un potentiel de production lié aux saisons

Si l’installation de panneaux solaires intervient dans un contexte de canicule en France, ce n’est pas lors des pics de chaleur que la production est optimale. « Les panneaux solaires n’aiment pas trop la chaleur », rappelle Jérôme Owczarczak. La température idéale pour leur rendement est d’environ 25 °C ; au-delà, on constate une légère baisse de productivité. En France, 70 % de la production annuelle est concentrée entre mars et octobre, tandis que l’hiver, même par temps ensoleillé, offre un rayonnement direct trop faible pour générer une production importante.

Bordeaux transforme sa base sous-marine historique en centrale solaire, alliant mémoire, patrimoine et production locale d’électricité renouvelable. Crédit : Mairie de BORDEAUX

Pourquoi ne pas couvrir l’ensemble du toit ?

Sur les 36 000 m² de toiture que compte la base, seuls 22 000 m² seront aménagés, avec 13 000 m² effectivement équipés de panneaux. Ce choix s’explique par des contraintes techniques et de sécurité. Il faut laisser des zones de circulation pour les pompiers, la maintenance et le nettoyage. De plus, certaines parties du bâtiment sont trop dégradées pour accueillir des installations sans risque.

Avec ce projet, Bordeaux confirme sa volonté de conjuguer transition énergétique et respect du patrimoine, et s’affirme comme une ville pilote en matière d’énergie solaire urbaine.

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