Les Girondins de Bordeaux, relégués sportivement et financièrement jusqu’en National 2, avaient annoncé haut et fort leur objectif : retrouver rapidement l’échelon supérieur. Mais après deux journées, le constat est amer : un nul poussif face à Avranches (0-0) puis une défaite à domicile contre Granville (0-1). Le club au scapulaire ne compte qu’un seul point sur six possibles et plonge déjà dans le doute.
Une intersaison encore chaotique

La saison 2024-2025 devait être celle de la reconstruction. Pourtant, Bordeaux s’est à nouveau retrouvé empêtré dans une interminable valse de départs et d’arrivées. Quinze joueurs ont quitté le navire cet été, contraignant le nouveau directeur sportif John Williams – toujours officiellement en poste à Amiens – à recruter quatorze nouveaux éléments. De quoi bouleverser l’équilibre d’un groupe que l’entraîneur Bruno Irles espérait pourtant stabiliser.
Cette instabilité a pesé dès la préparation estivale. Malgré quelques succès en matches amicaux, le contenu a rarement convaincu. Les doutes nés en juillet se sont confirmés dès le coup d’envoi du championnat.
Des dossiers embarrassants qui plombent l’ambiance


À ces difficultés sportives s’ajoutent des cas épineux en interne. Le plus emblématique reste celui de l’attaquant ivoirien Étienne Beugré, recruté en janvier à Maribor avec un salaire mirobolant pour le National 2 (10 000 € bruts mensuels). Jugé décevant sur le terrain, il n’entre plus dans les plans du club, mais reste sous contrat et occupe une place encombrante dans l’effectif.
Même situation trouble pour Yanis Merdji, pourtant l’un des meilleurs joueurs de la saison passée. À 31 ans, l’attaquant a été écarté pour des raisons de comportement évoquées par la direction, sans explications claires. Ces décisions mal comprises entretiennent une atmosphère tendue autour du vestiaire.
Un début raté sur une pelouse indigne
Pour son retour au Stade Atlantique (ex-Matmut Atlantique), Bordeaux espérait redonner de l’élan à son projet. Mais face à Avranches, les Bordelais ont livré une prestation terne (0-0), alourdie par l’état catastrophique de la pelouse. Déjà critiqué, le terrain a encore plus handicapé les joueurs lors du deuxième match, conclu par une défaite contre Granville (0-1).
Au-delà du résultat, c’est l’impression laissée qui inquiète : manque d’envie, absence de créativité, fébrilité défensive. Tout le contraire de ce qu’attendaient les supporters, encore nombreux en tribunes malgré la descente.
La colère gronde chez les supporters
Après la rencontre contre Granville, une partie du public a exprimé sa frustration directement aux joueurs. Dans une prise de parole vibrante, un supporter a résumé le sentiment général :
« On ne veut pas voir ça en National 2. On veut de l’envie, de la hargne. Vous avez une tribune digne de la Ligue 1. Soyez fiers de porter ce maillot, soyez dignes de ce club. »
Un rappel sévère mais révélateur : Bordeaux reste, malgré sa chute, l’un des grands noms du football français. Les attentes demeurent immenses, et la moindre contre-performance se paie immédiatement dans l’opinion des fidèles.
Une saison déjà sous tension
La saison dernière, Bordeaux avait également mal démarré (3 points en 4 matchs) avant de remonter la pente pour viser la tête du championnat en février. Mais cette fois, l’ambiance semble plus lourde. Le club avait promis de « frapper fort » dès les premières journées, avec une préparation complète et un effectif renforcé. Le terrain raconte tout autre chose : une équipe encore en chantier, minée par des affaires internes et incapable de convaincre.
La saison est encore longue et rien n’est perdu sur le plan sportif. Mais à Bordeaux, où les dernières années ont été rythmées par les crises et l’instabilité, ces débuts catastrophiques fragilisent déjà les ambitions de montée. Plus que jamais, il faudra de l’unité, de la combativité et une gestion claire pour redonner espoir à un public lassé des promesses non tenues.
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