Depuis l’élection de Pierre Hurmic (EELV) à la tête de la mairie de Bordeaux en 2020, la politique de protection de la biodiversité a pris un nouveau tournant. Parmi les choix qui font débat figure la décision de ne plus assurer l’entretien des 240 nichoirs installés dans les parcs de la ville il y a une quinzaine d’années, sous l’impulsion de l’ancien maire Alain Juppé (LR).
À l’époque, ces petites cabanes avaient rencontré un réel succès : dès leur installation en 2010, près de 60 % étaient occupées par différentes espèces d’oiseaux, selon les chiffres recueillis par la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Pour son représentant local, Jean-Pierre Gans, ces équipements représentaient « un vrai plus » pour la faune urbaine. Toutefois, la mairie estime que ces dispositifs ne sont pas indispensables pour obtenir le label « Refuge LPO », qui se contente de garantir aux oiseaux nourriture et abri naturel. Les dix parcs déjà classés ont conservé leur statut et cinq jardins supplémentaires ont même obtenu ce label depuis 2020.

Des nichoirs laissés à l’abandon
Le problème est que ces abris doivent être nettoyés chaque année pour être à nouveau utilisables. Or, cette maintenance a cessé dès 2021. Résultat : nombre de cabanes se retrouvent aujourd’hui abîmées, bancales ou même renversées, incapables d’accueillir des nids. « Certains sont inondés à chaque pluie », déplore Jean-Pierre Gans à nos confrères du Figaro. Selon lui, leur entretien mobilisait autrefois deux agents spécialisés pendant deux semaines par an. La mairie, de son côté, ne confirme pas ces chiffres, expliquant ne pas disposer d’une ligne budgétaire précise pour ce poste.
Des choix financiers assumés
Face aux critiques, l’équipe municipale assume sa stratégie. « Nous n’avons pas un budget illimité », souligne Didier Jeanjean, adjoint au maire chargé de la nature en ville. La mairie affirme avoir discuté avec la LPO pour identifier les actions les plus efficaces. Selon elle, maintenir des nichoirs dans les parcs n’est pas prioritaire : les oiseaux y trouvent généralement de quoi installer leurs nids naturellement. L’urgence se situerait plutôt dans les quartiers denses, les zones résidentielles ou les cités, où la végétation est rare et où les oiseaux peinent à s’implanter.
Miser sur l’implication des habitants

La municipalité souhaite désormais impliquer davantage les particuliers. Les Bordelais sont invités à installer des nichoirs ou à transformer leur jardin et même leur balcon en « Refuge LPO ». Pour les inciter, la mairie rembourse 75 % du prix d’un kit vendu moins de 10 euros. L’initiative se veut simple et accessible. Pour Jean-Pierre Gans, si de nombreux habitants s’engagent dans cette démarche, ce serait « une excellente nouvelle » pour la biodiversité locale.
Une politique sous contraintes
En filigrane, la décision révèle une difficulté classique des politiques publiques : arbitrer entre l’idéal écologique et la réalité budgétaire. La mairie reconnaît volontiers que, dans un monde parfait, elle aurait préféré continuer à entretenir les nichoirs des parcs tout en encourageant les particuliers. Mais dans un contexte de moyens limités, elle a privilégié une action jugée plus équitable, en ciblant les zones où la nature est la plus absente.
Ainsi, Bordeaux illustre un dilemme auquel de nombreuses villes sont confrontées : comment concilier contraintes financières et ambitions écologiques, tout en préservant la biodiversité au cœur de l’espace urbain ? Ce sera aux habitants de se faire leur propre opinion.
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