Face à la montée des violences intrafamiliales, quatre communes de la métropole bordelaise — Le Haillan, Eysines, Saint-Médard-en-Jalles et Mérignac — ont décidé d’unir leurs forces pour renforcer l’hébergement d’urgence et l’accompagnement des victimes. Leur partenariat inédit, officialisé le 22 octobre 2025 à la mairie du Haillan, prévoit la mise en commun de 41 logements dédiés à la protection et à la reconstruction des personnes concernées.
Une coopération intercommunale au service des victimes

Le projet, signé pour une durée de trois ans renouvelable, est né d’une initiative conjointe d’Andréa Kiss, maire du Haillan, et de Christine Bost, maire d’Eysines. Rapidement, Saint-Médard-en-Jalles et Mérignac ont rejoint la démarche. « Au départ, nous étions deux communes à mutualiser nos moyens », explique Andréa Kiss. « Puis, d’autres partenaires se sont ajoutés pour élargir le dispositif et répondre à un besoin réel de logements d’urgence. »
L’accord prévoit un bilan annuel intercommunal et un fonctionnement partagé entre les centres communaux d’action sociale (CCAS). Chaque commune met à disposition ses hébergements, garantissant ainsi une offre coordonnée sur tout le territoire. Pour Thierry Trijoulet, maire de Mérignac, cette coopération est une évidence : « Le drame du féminicide de Chahinez Daoud en 2021 nous a rappelé l’urgence d’agir. Nous devons être les plus efficaces possible pour protéger les victimes. »
Quarante et une places réparties sur quatre communes
Concrètement, 41 logements d’urgence sont désormais disponibles :
- 20 à Mérignac, répartis sur plusieurs sites ;
- 10 à Eysines, en habitat partagé ;
- 7 au Haillan, dont un T5 et une colocation ;
- 4 à Saint-Médard-en-Jalles, sous forme de studios et chalets.

Ces hébergements, gérés par les CCAS, sont proposés dans le cadre de baux précaires sécurisés pour garantir un cadre légal clair. L’objectif est de permettre aux victimes, souvent des femmes accompagnées d’enfants, de s’éloigner de leur agresseur sans pour autant être déracinées.
« Nous voulons conjuguer éloignement et proximité », souligne Andréa Kiss. « Les enfants doivent pouvoir rester scolarisés, c’est essentiel pour la stabilité familiale. »
Un accompagnement social renforcé
Le suivi repose sur un travail en binôme entre le CCAS d’origine et celui d’accueil, comme le précise Lysiane Bernier, directrice du CCAS du Haillan : « Chaque ville prend en charge la gestion du logement et du parcours locatif, tandis que l’accompagnement social reste assuré par la structure d’origine. »
Un dispositif complémentaire de protection
En parallèle, un nouveau dispositif administratif vient renforcer la sécurité des victimes : depuis le 20 octobre 2025, il est possible de masquer sa nouvelle adresse sur les documents fiscaux, une mesure convenue entre le tribunal judiciaire de Bordeaux, le Parquet et la Direction régionale des finances publiques. Cette initiative, déjà testée ailleurs en France, vise à éviter que des ex-conjoints violents puissent accéder à l’adresse de leur victime via le foyer fiscal. La démarche, réalisable sur impots.gouv.fr ou par téléphone (0 809 401 401), est enregistrée sous 48 heures.

Une métropole bordelaise mobilisée
En unissant leurs forces, les quatre communes posent les bases d’un modèle de solidarité locale efficace et reproductible. Elles affirment que la protection des victimes de violences intrafamiliales ne peut être que collective, coordonnée et humaine.
📞 Numéros utiles
- Maison des Femmes (Mérignac) : 05 56 55 66 25
- Maison d’Ella (Bordeaux) : 05 57 09 25 77
- Numéro national d’écoute : 3919
- Alerte SMS Police/Gendarmerie : 114
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