Bordeaux se trouve à la croisée des chemins concernant l’accueil des paquebots de croisière. Alors que la municipalité réfléchit à éloigner ces géants des mers du centre-ville, une récente étude de la CCI Bordeaux Gironde, réalisée en partenariat avec Kedge, met en lumière l’importance économique des escales actuelles sur les quais bordelais.
Les résultats sont sans équivoque : les croisières en centre-ville génèrent des retombées significatives pour l’économie locale et contribuent à l’attractivité de la ville.

L’étude, conduite entre avril et juin 2025 auprès de 1 200 passagers, révèle que 73 % des croisiéristes ont choisi leur voyage précisément pour l’escale à Bordeaux centre. Le charme du cœur historique, la proximité des sites emblématiques et l’ambiance unique des quais séduisent largement. Les passagers ne se contentent pas de contempler la ville depuis leur navire : 84 % se disent très satisfaits de leur étape bordelaise, mettant en avant la découverte de la ville (72 %), mais aussi la possibilité de revenir ultérieurement pour approfondir leur visite.
L’impact économique direct est conséquent. La majorité des croisiéristes ne se limitent pas à la simple promenade. Selon l’enquête, 82 % déclarent avoir réalisé au moins un achat lors de leur passage en ville. Restaurants, commerces de vêtements, boutiques de souvenirs et musées sont les principaux bénéficiaires de cette consommation touristique. La dépense moyenne d’un passager « consommateur » s’élève à 51,3 €, montant qui grimpe à 60,2 € pour les passagers des navires de taille intermédiaire. Ainsi, ce sont près de 1,5 million d’euros qui ont été injectés dans l’économie locale en 2025 grâce aux escales en centre-ville.
Alors oui ou non à la continuité de ces croisières ?
La localisation des escales joue un rôle clé dans ces retombées. L’étude souligne qu’en cas de déplacement des paquebots vers des terminaux plus éloignés, comme Bassens ou Le Verdon sur la rive droite, les dépenses des croisiéristes chuteraient drastiquement. En effet, 44 % des passagers indiquent qu’ils auraient moins, voire pas du tout, consommé si leur navire avait accosté hors du centre. Ce constat pose question à l’heure où la mairie, soucieuse des enjeux environnementaux et des nuisances pour les habitants, envisage de déplacer les navires pour limiter la saturation urbaine et réduire les émissions polluantes au cœur de la métropole.

Face à ce débat, la CCI Bordeaux Gironde rappelle que « l’accueil des croisiéristes au cœur de Bordeaux profite à l’économie locale ». L’institution souhaite ainsi alimenter la réflexion collective en apportant des données chiffrées, à un moment où la régulation du tourisme urbain s’impose de plus en plus comme une nécessité. L’équation entre attractivité touristique, retombées économiques et qualité de vie des habitants reste complexe. Le choix qui sera fait dans les mois à venir pèsera lourd sur l’avenir des croisières bordelaises et l’équilibre de la ville.
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