Le 24 août 1910 reste une date marquante dans l’histoire de Bordeaux. Ce soir-là, pour la première fois, la capitale girondine assista à un spectacle inédit : le survol de la ville par un aéroplane.
L’événement fut orchestré par deux pionniers de l’aviation, Ruchonnet et Daudret, bien décidés à inscrire leur nom dans l’histoire locale. Aux commandes d’un monoplan Antoinette, appareil emblématique des débuts de l’aviation française, les deux hommes décollèrent de l’aérodrome de Beau-Désert, situé aux abords de Bordeaux.
Très vite, leur machine attira les regards. Dans le ciel encore peu habitué à la présence d’avions, l’engin se dirigea vers le cœur de la cité. Au-dessus de la place des Quinconces, non loin de la colonne des Girondins, une foule impressionnante leva les yeux, émerveillée par ce ballet mécanique. Voir un avion survoler Bordeaux, à une époque où l’aviation n’en était qu’à ses balbutiements, relevait presque du miracle.
Le vol dura environ quarante minutes. Une prouesse, d’autant que les conditions météorologiques n’étaient pas favorables : un vent violent balayait le ciel, rendant la manœuvre périlleuse, et le temps couvert limitait la visibilité. Pourtant, malgré ces obstacles, les deux aviateurs poursuivirent leur démonstration avec sang-froid.
Peu avant vingt heures, ils regagnèrent le sol, salués comme des héros. Leur atterrissage marquait la fin d’un petit raid aérien qui allait rester gravé dans la mémoire collective.
Cet exploit, relayé par la presse du lendemain, témoignait non seulement du courage de ses protagonistes, mais aussi de l’enthousiasme grandissant pour l’aviation. Ce 24 août 1910, Bordeaux entra à son tour dans l’ère des villes survolées, rejoignant le cercle restreint des cités qui avaient eu le privilège d’assister aux premiers pas de l’homme dans le ciel.
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