L’histoire des deux tortues géantes de la place de la Victoire à Bordeaux
Les Bordelais connaissent bien les deux tortues géantes en bronze qui trônent fièrement sur la place de la Victoire. Revenues depuis le 18 septembre, elles sont plus que de simples sculptures : elles incarnent l’histoire, la créativité et un brin d’humour des Bordelais. Mais savais-tu qu’elles n’étaient pas au programme à l’origine ?
Une colonne controversée
L’histoire commence en 2004, lorsque le Conseil municipal de Bordeaux se divise autour de la construction d’une colonne de 16 mètres de haut, réalisée en marbre rouge des Pyrénées et en bronze, destinée à célébrer le vin et les vignobles de Bordeaux. Commandée au sculpteur tchèque Ivan Theimer, cette œuvre suscite autant d’admiration que de critiques. Les Bordelais, souvent directs, ne sont pas fans du projet. Et pour couronner le tout, le coût exorbitant d’un million d’euros soulève des interrogations sur la pertinence de ce monument.
Installée en 2005, la colonne est accompagnée de deux tortues géantes, une petite et une grande, également signées Theimer. Celles-ci ne faisaient pas partie du plan initial, qui prévoyait plutôt deux statues d’hommes représentant des vignerons. Cependant, la majorité municipale de l’époque, dirigée par Alain Juppé, redoute que ces bras tendus attirent des fêtards en quête d’animation nocturne. La décision est alors prise de remplacer ces figures humaines par les tortues, animaux fétiches de l’artiste.
Des symboles de longévité et de sagesse
Mais pourquoi des tortues ? La réponse se trouve dans la symbolique. Ivan Theimer, en plaçant ces créatures à l’entrée de la ville, souligne des valeurs telles que la longévité et la sagesse, des qualités qui s’appliquent parfaitement au vin de Bordeaux, nécessitant des années de maturation. De plus, les carapaces des tortues sont ornées de détails évoquant la culture viticole locale : des noms d’appellations bordelaises et des grappes de raisins sculptées dans la bouche de la plus grande statue. Un lien entre l’art, la culture et le terroir qui résonne avec les Bordelais.
Une présence aimée, mais fragile
Au fil des ans, les tortues deviennent des incontournables de la place. Les enfants les chevauchent, les passants s’y assoient pour discuter et les touristes posent fièrement à côté d’elles. Cependant, leur popularité a un prix. La fixation des pattes de la plus grosse tortue s’est détériorée, et des plaisantins ont pris l’habitude de la déplacer. Cette légende urbaine amusante a engendré des rires, mais aussi des inquiétudes.
En février dernier, la Ville a décidé de retirer les tortues pour les restaurer. C’est ainsi qu’elles ont été envoyées chez Socra, un atelier spécialisé en Périgord. Leur retour le 18 septembre coïncide avec le 80e anniversaire d’Ivan Theimer, ajoutant une touche poétique à cette histoire.
Un retour triomphal
Aujourd’hui, les tortues sont de nouveau solidement ancrées dans les pavés de la place de la Victoire. Les Bordelais peuvent se réjouir : non seulement, elles sont réparées, mais elles demeureront immobiles, prêtes à témoigner des histoires de la ville. Leur retour marque la fin d’une période d’incertitude et la renaissance d’un symbole bien-aimé.
Alors, la prochaine fois que tu te retrouveras sur la place de la Victoire, n’oublie pas de t’arrêter devant ces tortues géantes. Elles ne sont pas seulement des sculptures : elles racontent une histoire, celle d’une ville qui se transforme tout en célébrant son patrimoine. Et qui sait, peut-être te donneront-elles une leçon de sagesse et de longévité ?
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