L’hôpital Bagatelle, situé à Talence (Gironde), lance un cri d’alarme. L’établissement de santé protestant, reconnu d’utilité publique depuis 1867, affirme être désormais en « péril » à la suite du retrait inattendu du ministère des Armées du projet de fusion engagé avec l’hôpital militaire Robert-Picqué.
En cause : un désengagement brutal qui compromet l’équilibre financier de Bagatelle et pourrait conduire à une cessation de paiement d’ici la fin de l’année.

Depuis plus de dix ans, la Maison de Santé Protestante de la Fondation Bagatelle travaillait à un ambitieux projet baptisé BAHIA (Bagatelle-HIA), fruit d’une collaboration public-privé avec l’hôpital d’instruction des armées Robert-Picqué. L’objectif était de mutualiser les moyens, moderniser les installations, créer de nouveaux bâtiments, et développer une offre de soins renforcée et complémentaire sur le territoire.
Dans le cadre de cette fusion, l’État – via le ministère des Armées – s’était engagé à hauteur de 24 millions d’euros pour accompagner la restructuration du site et les investissements nécessaires à l’opération. Confortée par cet engagement, la Fondation Bagatelle a investi massivement : construction de nouveaux locaux, équipements médicaux, recrutement de personnel… En tout, ce sont 67 millions d’euros d’emprunts qui ont été contractés pour mener à bien le projet.
Mais aujourd’hui, tout s’effondre. L’Armée a officiellement annoncé son retrait du projet, évoquant un changement de priorités stratégiques dans un contexte international tendu et incertain. Le ministère entend désormais concentrer ses ressources sur la création d’un nouveau pôle d’excellence dédié aux blessés militaires sur le site de Robert-Picqué. Cette décision laisse Bagatelle seul face à ses dettes et à une situation financière très critique.

Privé du soutien promis, l’hôpital protestant se retrouve désormais dans l’incapacité de faire face à ses engagements. Sans intervention rapide des pouvoirs publics, la direction estime que la cessation de paiement pourrait intervenir dès la fin de l’année 2025. Une issue dramatique pour un établissement qui joue un rôle central dans l’offre de soins de la métropole bordelaise et emploie des centaines de professionnels de santé.
Face à cette impasse, la Fondation Bagatelle tire la sonnette d’alarme et demande à l’État de tenir ses engagements financiers. Des démarches sont en cours pour mobiliser les autorités locales, les élus et l’Agence régionale de santé afin de trouver une issue favorable. L’établissement appelle à la solidarité des pouvoirs publics pour sauver un hôpital à but non lucratif, profondément ancré dans l’histoire et le tissu social de la région.
Ce désengagement brutal du ministère des Armées met en lumière les risques que peuvent engendrer des partenariats publics-privés mal sécurisés, et interroge sur la continuité des engagements de l’État face aux enjeux de santé publique.
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