L’Union Bordeaux-Bègles vit un début de saison paradoxal. Intouchable à Chaban-Delmas, l’équipe peine à exister dès qu’elle quitte son antre. À la veille d’un déplacement périlleux à Perpignan (samedi, 16 h 35), les statistiques révèlent avec précision cette inconstance frappante entre les performances à domicile et celles à l’extérieur. C’est grave docteur ?
Imprenable à Chaban et son public de plus en plus nombreux


À domicile, l’UBB bénéficie d’un soutien massif : plus de 33 000 spectateurs remplissent les tribunes de Chaban-Delmas. Dans cette atmosphère bouillante, les joueurs de Yannick Bru ont remporté leurs trois premiers matchs, face à La Rochelle, Montauban et Lyon, engrangeant 14 points sur 15 possibles.
Cette réussite s’appuie sur une attaque flamboyante. L’Union inscrit plus d’essais à domicile — les 11 réalisations contre Montauban ont marqué les esprits — et une défense solide qui encaissait deux fois moins de points que lors des déplacements. L’efficacité au sol est également au rendez-vous : les Bordelais concèdent nettement moins de ballons grattés sur leur terrain.
Effondrement à l’extérieur


Mais une fois loin de Bordeaux, le contraste est brutal. Trois déplacements, trois défaites lourdes, aucune récompense : pas même un bonus défensif contre le Racing, le Stade Français ou Toulouse. Ces revers ont été marqués par des entames ratées, notamment au Racing et à Toulouse, où l’UBB a été transpercée dès les premières minutes.
Cette fébrilité s’explique en partie par une précision défaillante au sol. Face à des équipes pourtant peu réputées dans ce secteur, les Bordelais ont souvent perdu la bataille des rucks. Mauvais choix de porteurs isolés ? Soutiens trop tardifs ? Pour Yannick Bru, « le jeu au sol et le duel aérien sont souvent l’expression de l’attitude ». L’entraîneur n’a guère goûté à la passivité de son équipe face aux chandelles toulousaines, mal réceptionnées et souvent fatales.
Défense, mêlée et conquête en question
Autre indicateur inquiétant : le nombre de franchissements concédés. La ligne défensive bordelaise se reforme trop lentement, laissant des brèches béantes exploitées par les adversaires. Les premières périodes catastrophiques à Paris et Toulouse en sont l’illustration.
La mêlée, elle aussi, affiche un double visage. Dominante et stable à domicile, elle devient instable en déplacement, concédant une pluie de pénalités, alors même que la composition de la première ligne varie peu. Les blessures (Falatea, Boniface, Barlot, Coleman…) pèsent sur le pack, mais ces absences concernent tous les matchs, pas uniquement ceux joués loin de Bordeaux.

Curieusement, certaines statistiques montrent une situation moins tranchée. À domicile, l’UBB rate davantage de plaquages en moyenne (22 contre 19 à l’extérieur) et perd plus de touches (4 contre 3). Mais ces lacunes sont compensées par une meilleure efficacité offensive et une capacité à emballer les rencontres devant son public.
Urgence de ramener des points de l’extérieur
Classée 10e du Top 14 avant son déplacement en Catalogne, l’UBB n’est pourtant qu’à deux points du top 6. Mais pour espérer rejouer les premiers rôles, comme lors de ses deux finales récentes, le club devra exporter son intensité et sa rigueur. « À l’extérieur, c’est là qu’on voit l’état d’esprit d’une équipe », rappelle le talonneur Maxime Lamothe.
Les chiffres sont clairs : l’Union Bordeaux-Bègles n’a plus le choix. Pour exister dans ce championnat exigeant, elle doit enfin devenir voyageuse et ne plus s’en remettre aux seuls éclairs de génie de Louis Bielle Biarrey. Et ca commence des ce samedi dans un déplacement chaud bouillant dans l’antre d’Aimé Giral.
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