Alors que les travaux de la future ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse ont débuté il y a un an, les opposants écologistes redoublent d’efforts pour bloquer ce projet phare de 14 milliards d’euros. Une récente décision de justice annulant l’autoroute A69 près de Toulouse, pour des motifs environnementaux, pourrait donner des arguments aux militants.
Un projet ambitieux, mais contesté
La Ligne Nouvelle du Sud-Ouest (LNSO), pièce maîtresse du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO), doit relier Bordeaux à Toulouse d’ici 2032 sur 222 kilomètres, avec des gares nouvelles à Agen, Montauban et Mont-de-Marsan. À terme, une extension vers Dax et l’Espagne est prévue, améliorant les liaisons transfrontalières.

Ce projet réduirait le trajet Bordeaux-Toulouse de 2h à 1h et Toulouse-Paris à 3h10, tout en libérant des capacités sur le réseau classique pour les TER et le fret. Bien que soutenu par 78 % des sondés en 2024, il suscite une opposition croissante, notamment chez les écologistes et les élus ruraux.
L’environnement au cœur des tensions
Les associations, regroupées sous la bannière « LGV Non Merci », dénoncent un projet destructeur pour la biodiversité. Elles pointent du doigt les 10 sites Natura 2000 menacés, dont la forêt du Ciron, une hêtraie vieille de 43 000 ans, fragilisée par les travaux.
Jean Olivier, des Amis de la Terre Midi-Pyrénées, affirme : « Les parallèles avec l’A69 sont évidents. Ce projet est rejeté par de nombreux habitants et élus locaux. Moderniser les lignes existantes aurait été plus écologique et moins coûteux. » Malgré les mesures d’atténuation promises par SNCF Réseau, les militants estiment que le tracé aurait dû éviter ces zones sensibles.
La bataille juridique s’intensifie
Les opposants ont saisi le tribunal administratif de Toulouse, qui examinera en septembre la légalité de l’autorisation environnementale pour la section en Haute-Garonne. Un précédent recours, concernant les travaux au sud de Bordeaux, avait été rejeté en avril. Cependant, l’annulation récente de l’A69 pour non-respect des normes environnementales redonne espoir aux militants. « Ce jugement nous encourage à poursuivre le combat », souligne Olivier.
Un financement qui fait débat

Le projet, financé à 40 % par l’État, 40 % par les régions et 20 % par l’UE, repose aussi sur une taxe foncière imposée à 2 340 communes de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie. Cette contribution, étalée sur 40 ans, soulève l’ire des ruraux, qui estiment payer pour un projet dont ils ne profiteront pas directement. Des députés locaux réclament un moratoire, qualifiant la LGV de « coûteuse, inutile et destructrice ».
La SGPSO défend le projet
La Société du Grand Projet du Sud-Ouest (SGPSO), qui pilote les travaux, rejette ces critiques. Elle met en garde contre les retards, qui pénaliseraient les usagers et alourdiraient la facture. « Interrompre le projet aggraverait les congestions routières, la pollution et engendrerait des surcoûts majeurs », argue-t-elle.
Le tribunal de Bordeaux a estimé en avril qu’il n’y avait « pas d’urgence à stopper les travaux », ceux-ci ne causant pas de « dommages irréversibles ».
Conclusion : un avenir incertain
Alors que les travaux avancent – avec des nouvelles voies, signalisations et murs antibruit déjà en place -, le sort de la LGV Bordeaux-Toulouse pourrait se jouer devant les tribunaux.
Si les écologistes espèrent un coup d’arrêt similaire à l’A69, les partisans du projet soulignent ses bénéfices économiques et écologiques à long terme. Une chose est sûre : le débat entre mobilité durable et protection de l’environnement est loin d’être clos.
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