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Bassin Arcachon : l’Union Européenne impose des toilettes à bord des petits bateaux !

Depuis cet été, un arrêté ministériel impose l’installation de toilettes et d’un lavabo à bord de tous les navires professionnels de moins de 12 mètres. Destiné à améliorer les conditions de travail des marins, ce texte suscite une véritable tempête dans le monde ostréicole. Les professionnels dénoncent une réglementation inadaptée à leur réalité quotidienne, voire impossible à appliquer.

Une règle qui fait des vagues

L’obligation d’installer des WC sur les bateaux fait des vagues : les ostréiculteurs crient à la mesure qui ne tient pas l’eau.

L’arrêté, publié en juillet par le ministère de la Transition écologique, vise à garantir davantage de confort à ceux qui travaillent en mer. Il prévoit même, « dans la mesure du possible », des installations séparées pour les hommes et les femmes. L’intention est claire : répondre à une demande ancienne de la profession maritime, notamment pour les équipages partant plusieurs jours loin des côtes.

Mais sur le terrain, la mesure provoque une levée de boucliers. Car cette obligation ne distingue pas les bateaux de pêche hauturière des embarcations légères utilisées par les ostréiculteurs ou les mytiliculteurs, souvent de simples chalands en aluminium. Ces bateaux, longs d’une dizaine de mètres, servent à transporter les huîtres entre les parcs et le rivage, sur des trajets qui durent rarement plus de trois ou quatre heures. Pour ces professionnels, l’idée d’installer des toilettes à bord relève de l’absurde : manque de place, contraintes techniques et inutilité pratique.

Incompréhension dans la filière

Dans les ports de l’Atlantique, de la Vendée jusqu’au bassin d’Arcachon, la décision est accueillie avec un mélange de colère et d’incrédulité. Les ostréiculteurs rappellent que leurs navires ne disposent souvent d’aucun espace clos ni d’alimentation en eau, ce qui rendrait toute installation sanitaire coûteuse et irréalisable. Beaucoup jugent que cette mesure traduit une méconnaissance du métier et des conditions de travail réelles sur le littoral.

L’inquiétude gagne aussi les chantiers navals spécialisés dans la construction de ces bateaux. Les nouvelles normes pourraient remettre en cause des dizaines de commandes en cours et paralyser temporairement l’activité. Certains chantiers affirment déjà ne plus savoir comment adapter leurs modèles aux exigences administratives, faute de précisions officielles ou de délais suffisants.

Une attente de clarification

Un arrêté impose des toilettes sur tous les bateaux professionnels. Les ostréiculteurs dénoncent une règle inapplicable et absurde pour leurs chalands.

Face à la grogne, la profession espère désormais une révision du texte ou des dérogations spécifiques pour les navires ostréicoles. Mais l’absence de réponse claire de la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAMPA) alimente la frustration. Les rumeurs de dérogations ponctuelles ne suffisent pas à rassurer les acteurs du secteur, qui redoutent un flou juridique et administratif paralysant.

Pour l’heure, le ministère maintient sa volonté d’améliorer le confort des travailleurs de la mer. Mais sur les côtes atlantiques, beaucoup voient dans cette réglementation un nouvel exemple de mesure technocratique déconnectée des réalités du terrain. Entre humour, exaspération et inquiétude, les ostréiculteurs attendent des réponses concrètes pour éviter que cette affaire ne tourne, selon leurs mots, à une véritable « idée de chiotte ».

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