La Ville de Bordeaux a décidé de renforcer ses mesures de régulation concernant les locations de courte durée. Ce mardi 8 juillet, le conseil municipal a voté un nouveau plafonnement de la durée autorisée pour louer une résidence principale via des plateformes comme Airbnb. La limite passe ainsi de 120 à 90 jours par an, conformément à la loi Le Meur Echaniz, adoptée fin 2024, dont les décrets d’application sont en cours de rédaction.

Depuis plusieurs années, Bordeaux fait partie des grandes villes françaises confrontées à la tension croissante sur le marché locatif classique. Les locations touristiques, en particulier via des plateformes numériques, se sont multipliées, entraînant une raréfaction de l’offre à long terme pour les habitants. Environ 5 000 logements sont aujourd’hui recensés comme inscrits sur des plateformes de location de courte durée dans la métropole. Certains quartiers, comme le centre historique, Saint-Michel ou encore Nansouty, sont particulièrement touchés, avec des rues entières transformées en hébergements touristiques.
La ville avait déjà adopté des premières restrictions dès 2018, dans le cadre de la loi Élan, limitant à 120 jours par an la durée de location d’une résidence principale. Cette première phase avait permis, selon les services de la Ville, de faire revenir plus de 1 200 logements sur le marché locatif traditionnel. La nouvelle réduction à 90 jours vise à poursuivre cet effort de régulation, en espérant libérer davantage de logements pour les Bordelais.

L’initiative municipale s’inscrit dans un contexte national de durcissement de la réglementation autour des locations meublées touristiques. La loi Le Meur Echaniz accorde désormais plus de pouvoir aux collectivités locales pour adapter leurs règles aux spécificités de leur territoire. À Bordeaux, l’objectif est de retrouver un équilibre entre l’activité touristique – reconnue comme un levier économique important – et les besoins croissants des habitants en matière de logement accessible.
Lors des débats en conseil municipal, la majorité a défendu cette mesure comme étant à la fois nécessaire et équilibrée. Du côté de l’opposition, certaines voix ont cependant regretté un manque de données précises, notamment sur les impacts économiques pour le secteur touristique, les commerçants, ou encore sur le risque de contournement des nouvelles règles. Des comparaisons ont été faites avec d’autres grandes villes, comme Paris, qui disposent de brigades spécialisées pour contrôler les abus.

Malgré ces interrogations, la décision a globalement été bien accueillie. Si certains groupes se sont abstenus, rares sont ceux qui ont exprimé une opposition franche au principe du plafonnement.
À noter que la Ville mène également une réflexion plus large sur les impacts de l’activité touristique à Bordeaux, notamment en matière de gentrification, d’accès au logement et de transformation de certains quartiers. Le défi reste de réguler efficacement sans nuire à l’attractivité économique de la métropole.
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