Si l’on évoque Saint-Émilion, la première image qui vient à l’esprit est bien souvent celle de ses grands crus. Pourtant, au cœur de ce village médiéval chargé d’histoire, se cache une autre merveille, bien plus discrète mais tout aussi emblématique : les macarons de Saint-Émilion. Ces petites douceurs aux amandes sont une spécialité ancestrale, qui ravissent les gourmands depuis plus de quatre siècles.
Une recette née derrière les murs d’un couvent
L’histoire des macarons de Saint-Émilion remonte à 1620, année où Madame Lacroix, fondatrice de la communauté des Ursulines, met au point la recette originale. Composés uniquement de blancs d’œufs frais, de sucre, d’amandes douces et d’amandes amères, ces macarons se distinguent par leur goût pur et leur texture à la fois moelleuse et croustillante.
Cette recette aurait pu disparaître lors de la Révolution française, qui entraîne la fermeture du couvent et la dispersion des religieuses. Mais, selon la tradition orale, une sœur nommée Mademoiselle Boutin, poussée par la précarité, aurait transmis le précieux savoir en échange d’un repas et d’un toit.
Une renommée nationale au XIXe siècle
Au XIXe siècle, c’est la Veuve Goudichaud qui hérite de la fameuse recette. Elle donne aux macarons une nouvelle notoriété en les associant aux vins de prestige de la région. Lors de l’Exposition universelle de 1867, des caisses de macarons sont envoyées à Paris pour accompagner les crus bordelais. Le succès est immédiat. Son gendre, Joseph Grandet, reprend le flambeau en commercialisant les biscuits sous la marque « Recettes des Anciennes Religieuses – Veuve Goudichaud – Grandet aîné successeur ».
Depuis, la recette s’est transmise de mains en mains, toujours dans un esprit de fidélité à la tradition. Madame André, Madame Jeanne Passama, Madame Magdeleine Blanchez, puis Madame Danièle Blanchez ont chacune perpétué le savoir-faire avec respect. Aujourd’hui, c’est Madame Nadia Fermigier qui détient ce secret.
Une tradition vivante entre les mains de Nadia Fermigier et Didier Jullion
Depuis 2008, Nadia Fermigier et son compagnon Didier Jullion sont les gardiens de ce patrimoine culinaire. Ils ont racheté la maison à Madame Blanchez, qui avait elle-même confectionné les macarons pendant 50 ans. Loin de céder aux sirènes de la modernisation, le couple a choisi de préserver chaque détail de la tradition : même fournisseur d’amandes à Valence (Espagne), même méthode artisanale, même emballage, et même boutique, située au 9 rue Guadet, à quelques pas de la poste.
Rien n’est mécanisé : les œufs sont cassés à la main, les amandes mondées une à une. Aucun additif, aucun conservateur, seulement des gestes répétés avec soin, dans l’arrière-boutique que l’on peut parfois entrevoir si l’on a la chance de passer au bon moment.
Un incontournable lors de votre passage à Saint-Émilion
Si vous visitez ce charmant village inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, ne manquez pas de faire un détour par la boutique de Nadia Fermigier. Vous y découvrirez une ambiance figée dans le temps, un lieu authentique qui a su résister aux modes et aux tendances. D’autres boutiques sont également disponibles au cœur du village.
Glissez dans votre panier une boîte de ces fameux macarons : légèrement croustillants à l’extérieur, fondants à cœur, ils se conservent jusqu’à trois semaines au frais, dans le bac à légumes du réfrigérateur. Mais entre nous, rares sont ceux qui tiennent aussi longtemps… Et si vous habitez loin ? Bonne nouvelle : une boutique en ligne vous permet de goûter à ce petit bijou gastronomique sans quitter votre maison.
Alors, vin ou macaron ? Les deux, bien sûr ! Mais n’oubliez jamais que le vrai goût de Saint-Émilion ne se trouve pas seulement dans un verre, mais aussi dans une bouchée. Miam !
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