L’hôpital Bagatelle de Talence, situé en périphérie immédiate de Bordeaux, vient de franchir une étape décisive dans la préservation de son avenir. Après des mois d’incertitude liés à l’abandon du projet de fusion avec l’hôpital militaire Robert Picqué, la direction de l’établissement a annoncé avoir trouvé un accord avec le ministère des Armées, permettant d’éloigner, « à court terme », le spectre d’une faillite redoutée.
Une menace financière écartée
Au mois de juin, la Fondation Bagatelle, gestionnaire de l’hôpital, avait publiquement évoqué un risque de « cessation de paiement ». En cause : le retrait soudain du ministère des Armées d’un partenariat stratégique, qui devait aboutir à la construction d’un nouvel établissement commun à Talence. Ce désengagement faisait planer une lourde incertitude financière sur la maison de santé protestante de Bordeaux.
Ce jeudi, la direction a confirmé qu’un compromis avait été trouvé. Selon le communiqué officiel, l’accord comprend :
- une indemnisation du ministère des Armées,
- un appui financier de l’État,
- ainsi que le renfort temporaire de professionnels militaires en réanimation jusqu’en 2027.
Même si le montant de l’indemnisation reste confidentiel, les autorités locales – la préfecture de Gironde et l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine (ARS) – saluent une solution « acceptable par les deux parties », garantissant la continuité des soins pour la population bordelaise.
Retour sur un partenariat avorté
Le projet initial, lancé en 2016, devait unir la Maison de Santé Protestante de Bordeaux-Bagatelle (MSPB) et l’hôpital militaire Robert Picqué de Villenave d’Ornon. L’objectif : créer un pôle hospitalier moderne et mutualisé, capable de répondre à la fois aux besoins civils et militaires de la métropole bordelaise.
Mais en 2023, le ministère des Armées a acté son retrait. La Loi de programmation militaire 2024-2030 redéfinit les priorités du Service de santé des armées, désormais recentré sur les soldats blessés. Robert Picqué devient ainsi un « pôle d’excellence » spécialisé dans la réhabilitation physique et psychologique des militaires.
Cette volte-face a plongé l’hôpital Bagatelle dans une crise financière, d’autant que la Fondation avait contracté 67 millions d’euros d’emprunts pour un projet initialement chiffré à 90 millions d’euros, mais dont le coût final s’est élevé à 140 millions avec les équipements.
Un accord salutaire mais fragile
L’accord annoncé « garantit la consolidation de l’offre de soins sur le territoire bordelais », assure la préfecture. Les nouveaux bâtiments récemment inaugurés à Talence permettent déjà à la MSPB de renforcer son rôle dans le système hospitalier de Bordeaux et de la Gironde.
Cependant, la Fondation Bagatelle reste prudente. Elle souligne que si le danger immédiat est écarté, « un soutien durable de l’ARS Nouvelle-Aquitaine demeure indispensable » pour stabiliser la situation économique de l’établissement.
La crainte d’un déséquilibre financier persiste, compte tenu de la lourde dette contractée. Les prochaines années seront décisives pour garantir la pérennité d’un hôpital privé d’intérêt collectif, dont l’activité est essentielle pour l’accès aux soins de milliers de Bordelais.
L’hôpital Bagatelle de Talence a obtenu un répit dans sa crise financière grâce à un accord avec l’État et le ministère des Armées. Bordeaux conserve ainsi un acteur majeur de son offre de santé, mais la vigilance reste de mise face aux défis budgétaires de long terme.
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