Gironde : un maire installe un sens interdit pour bloquer les véhicules venus des villages voisins
À Lartigue, petite commune de 41 habitants nichée en Gironde, une décision municipale fait des vagues. Le maire, Philippe Lamotte, a pris un arrêté le 5 décembre 2024 pour instaurer un sens interdit sur une voie communale menant vers Giscos.
L’objectif affiché : réduire la circulation dans le village, particulièrement celle des automobilistes venus du Lot-et-Garonne, nombreux à emprunter cette route via des applications comme Waze pour se rendre plus rapidement vers la côte landaise, notamment Mimizan ou Biscarrosse.
« La circulation a été multipliée par dix en quinze ans. On reçoit tout le Lot-et-Garonne ! », s’exaspère le maire. Il évoque des comportements dangereux sur cette route étroite, pourtant limitée à 30 km/h. « Certains roulent à 80. On a même des poids lourds qui stationnent la nuit. Deux habitants ne dorment plus à cause du bruit, leur chambre donne sur la route », explique-t-il à notre confrère du Figaro.

Le panneau a été installé début mai, suscitant l’incompréhension et la colère des élus voisins. La maire de Giscos, Fabienne Barbot, s’indigne : « Nous n’avons jamais été consultés, ni même informés. L’arrêté a une conséquence directe sur nos administrés. Beaucoup m’ont appelée pour comprendre ce qu’il se passe. » Pour elle, Philippe Lamotte agit par intérêt personnel : « Il veut juste être tranquille. Et s’il considère que cette voie est trop étroite, alors il faudra interdire toutes les routes étroites du secteur ! »
Le mécontentement est d’autant plus fort que les élus des communes concernées n’ont reçu aucune copie officielle de l’arrêté, et que les délais légaux pour le contester sont désormais dépassés. « L’arrêté a été pris en décembre, mais le panneau n’a été posé qu’en mai. Deux mois après l’arrêté, on ne peut plus faire de recours », déplore Fabienne Barbot.
Au cœur du conflit : la nature juridique de la voie. Pour le maire de Lartigue, il s’agit d’une piste DFCI (Défense des Forêts Contre les Incendies), donc d’une voie privée. Une affirmation que conteste la maire de Giscos, s’appuyant sur l’avis d’un géomètre : selon lui, cette voie appartient à l’État.
Même son de cloche du côté de Michel Darroman, maire de Saint-Michel-de-Castelnau, commune également concernée par cette route. Lui non plus n’a été informé de la décision. Visiblement irrité, il s’est abstenu de tout commentaire supplémentaire.
Face aux critiques, Philippe Lamotte choisit l’humour : « Quand Anne Hidalgo a fermé la rue de Rivoli à la circulation, ça a moins fait parler que mon sens interdit ! », plaisante-t-il. A musant.
Interrogé, le sous-préfet de Langon a confirmé que l’arrêté pris par le maire de Lartigue est légal. Toutefois, la maire de Giscos ne compte pas en rester là : « L’arrêté a peut-être été validé sur le fond, mais la méthode est inacceptable. Nous ne nous laisserons pas faire. » Affaire à suivre.
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