Longtemps délaissées, certaines lignes de train régionales en Nouvelle Aquitaine sont sur le point de retrouver une seconde vie. Victimes du désengagement ferroviaire des décennies passées, elles semblaient promises à l’oubli.
Pourtant, dans un contexte de transition écologique et de lutte contre la fracture territoriale, ces lignes réapparaissent comme des maillons essentiels de la mobilité de proximité. Modernisations, réouvertures et nouveaux investissements témoignent d’un virage stratégique fort.
1. Niort – Saintes : la renaissance d’un axe structurant
C’est la bonne surprise de ce début d’année : depuis le 15 février 2025, les trains circulent à nouveau entre Niort et Saintes. Complètement rénovée – rails, signalisation, ouvrages d’art –, cette ligne permet désormais une circulation à 100 km/h, reliant efficacement le Marais poitevin à la Charente. Des gares comme Beauvoir-sur-Niort ou Saint-Hilaire-de-Villefranche ont retrouvé une nouvelle centralité, facilitant l’accès aux bassins de vie comme La Rochelle ou Bordeaux.
2. Saintes – Royan : un trait d’union vers l’océan
Depuis le 26 juin 2025, la liaison entre Saintes et Royan a gagné en efficacité. Douze TER quotidiens assurent désormais cette connexion, avec une vitesse plus constante et un gain de temps allant jusqu’à 8 minutes. Résultat : la fréquentation a bondi de 23 % en un an. Idéale pour relier le patrimoine gallo-romain de Saintes aux plages et festivals de Royan, cette ligne devient un choix stratégique pour les touristes, saisonniers et habitants.
3. Limoges – Angoulême : la diagonale se reforme
Depuis décembre 2023, les trains circulent entre Limoges et Saillat-sur-Vienne. Prochaine étape : la réouverture de la section Saillat – Angoulême, programmée pour 2030, avec des travaux attendus dès 2026. Ce projet, à 242 millions d’euros, ambitionne de reconnecter des territoires enclavés de Haute-Vienne et de Charente, à travers des communes comme Saint-Junien, Chabanais ou Roumazières. Une desserte essentielle, au service du désenclavement.
4. Pau – Canfranc : le grand retour transfrontalier
C’est l’un des projets les plus attendus : la réouverture de la ligne Pau – Canfranc, fermée depuis 1970, entre le Béarn et l’Espagne. Enquête publique prévue à l’été 2025, début des travaux en 2027, et objectif de réouverture en 2032. Traversant la vallée d’Aspe, Oloron-Sainte-Marie, Bedous et plusieurs villages, cette ligne pourrait accueillir jusqu’à 50 trains par jour en haute saison. Elle s’inscrit dans la stratégie transfrontalière franco-espagnole et complète les ambitions du RER basco-landais, qui relie déjà Dax à Hendaye.
5. Périgueux – Agen : sauver avant qu’il ne soit trop tard
Encore en service, la ligne entre Périgueux et Agen est à bout de souffle. Certaines portions datent de près d’un siècle. Si les études prévues pour 2026 sont concluantes, une rénovation globale pourrait voir le jour. En attendant, des travaux de maintien jusqu’en 2028 visent à préserver la circulation sur cette ligne traversant Penne d’Agenais, Belvès, Les Eyzies… des communes rurales où le train reste la seule alternative à la voiture.
Un nouvel élan pour le rail en Nouvelle Aquitaine
La région investit plus de 2 milliards d’euros dans les mobilités, dont 637 millions pour les lignes régionales. L’État a augmenté sa participation de 50 %, et 18 trains neufs seront livrés dès 2025, accompagnés de 62 rames TER rénovées à Périgueux. Parmi les innovations : DRAISY, un train autonome ultra-léger pensé pour les zones rurales.
Le message est clair : le train revient au cœur des territoires, et ce renouveau ferroviaire ne fait que commencer. A vos valises !
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